Raconte-moi Hochelaga
Un concours à vomir
Chez Paula, les fruits et légumes sont pas cher pas cher. […] on est allés jouer au pool au Davidson […] en face de la caisse Desjardins,[…] à l’Espace Public […] À la taverne St-Vincent, […] À La Grange Du Boulanger […] Hochelaga, je te vois avec les yeux du cœur.” – Extraits des textes gagnants
Quand un «concours d’écriture» prend des allures de publicité à peine déguisée pour les commerces du quartier, on pense qu’il faut riposter, surtout quand les textes qui gagnent ce concours ne sont qu’un éloge à la consommation «locale». On ne pensait pas qu’on pouvait nommer autant de commerces en 150 mots. Évidemment, les textes gagnants font l’éloge sirupeux de la “consommation locale”, sans oublier de bien acclamer L’Espace Public dont l’un des propriétaires était à l’origine du concours. C’est dans ce ramassis de textes à valeur littéraire nulle qui ressemblent à une pub de condos que l’on comprend toute la condescendance de ces entrepreneurs “sociaux”.
Exotisme des pauvres et commercialisation de la solidarité
Hochelaga c’est mille autres choses que le mode de vie trendy que la SDC voudrait nous imposer dans son processus de branding du quartier. Nous autres aussi on aime ça, Hochelag’, mais c’est pas parce qu’on peut y boire des pintes de bière à l’abri des pauvres dans un énième bar “de quartier”.[2] Certainement pas non plus parce que la “mixité sociale” nous donne la chance de vivre l’expérience exotique d’observer les itinérants-es boire des Carling sur la Place Valois en humant les effluves de tartes au citron, de croissants aux amandes et de saucisses qu’ils peuvent pas se permettre.[3]
L’autre concours
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Au final, c’est ben beau, l’authenticité, tant que ça dort pas sur la place publique, que c’est propre, que ça dérange pas trop et qu’on peut rentrer dans le confort de son condo la conscience en paix pendant que les itinérants-es, les junkies et les travailleuses du sexe se font tasser des lieux publics pis que le reste du monde n’arrive plus à payer son loyer.
Ça s’émerveille de la mixité sociale en décrivant l’émoi de croiser les pauvres dans la rue et ça se sent tellement solidaire juste d’oser vivre dans un quartier rough de même. Paraît que la solidarité, c’est d’être touché devant “la petite madame” qui “tend sa petite main pour quêter des petits sous”.[4] On a rarement vu la médiocrité petite-bourgeoise exposer aussi délibérément son mépris, mal caché sous un vernis bien-pensant.
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[1] https://hochelaga.ca/articles/2017/01/10/Avosplumes/
[2] https://hochelaga.ca/articles/2017/03/10/raconte-moi-hochelaga-meggie-gagnante/
[3] https://hochelaga.ca/articles/2017/03/09/raconte-moi-hochelaga-fred-gagnant-du-2e-prix/
[4] https://hochelaga.ca/articles/2017/03/09/raconte-moi-hochelaga-fred-gagnant-du-2e-prix/