La gentrification est avant tout un processus de dépossession. C’est la dépossession d’un territoire au détriment de ses habitants les moins fortunés et à l’avantage de nouveaux arrivants, majoritairement de nouveaux et nouvelles propriétaires. Elle est le fruit d’un système de collusion entre les élu.e.s, les bureaucrates d’arrondissement et des investisseurs en quête de profits.
Les efforts du secteur public se concentrent dans la rénovation des infrastructures urbaines, trottoirs, parc, places, artères commerçantes. Ils s’efforcent également de sécuriser le quartier avec une présence policière accrue et des aménagements aseptisés pour mieux réguler l’usage des espaces publics afin d’en éliminer les indésirables. Ils tentent enfin d’assouplir les règles qui limiterait l’appétit des investisseurs en facilitant les modifications de zonage, les limitations de hauteur des bâtiments, etc. De l’autre côté et dans un même mouvement, les commerçants, regroupés en chambre de commerce et autres syndicats de propriétaires et les gros constructeurs de condos tentent de faire miroiter les avantages comparatifs de s’installer dans un quartier donné. La gentrification transforme durablement un quartier et la manière qu’on a de le concevoir. Parce que c’est de ça dont il est question. La gentrification c’est la transformation d’un territoire en une marchandise, un “branding” trendy”, authentique et créatif” auquel il ne manque que des consommateurs.
En dernière analyse, la gentrification est un gigantesque projet publicitaire et policier qui exacerbe la précarité des plus vulnérables et vise à créer des conditions propices à l’invasion de notre quartier par une clique de promoteurs et commerçants désireux de façonner le quartier à leur image. Dans ces conditions, s’opposer à la gentrification revient à refuser cette transformation intéressée, à la combattre par un mouvement inverse où on se sent chaque jour plus proche du quartier que l’on habite.
La source de l’embourgeoisement, ce sont les promoteurs de condos qui spéculent sur les terrains et vendent des condos que les résidents d’Hochelaga ne peuvent se payer. Les conséquences de l’embourgeoisement, ce sont des hausses d’évaluations foncières, qui provoquent des hausses de taxes, ce qui cause des hausses de loyers pour les locataires et les commerçants qui doivent vendre leurs produits plus chers ou céder la place à des commerces plus chers. Les propriétaires de condos peuvent se payer ces produits plus chers, mais les pauvres eux n’ont même plus assez d’argent pour payer leurs loyer et Hydro-Québec. Par C.B. |