208 condos sur Sainte-Catherine, la fin d’Hochelag’?
L’annonce du nouveau développement sur le terrain de Goyette Auto, coin Sainte-Catherine et Nicolet vient d’arriver dans l’espace public (voir l’article http://www.quartierhochelaga.com/208-condos-de-plus-sainte-catherine). En regardant les plans, on se rend compte que c’est en fait la création d’un mini quartier qui est en préparation. 208 logements privés, construits en 6 phases, pour créer un nouveau pôle hype dans le quartier. Autrement dit, la fin de la rue Ste-Cath. comme on la connait.
Après ces six phases, il y en a une septième, la phase de logements sociaux. Quarante seront construits et c’est à ça que tient la « mixité sociale » du projet. Disons que 16% de logements sociaux, c’est un moindre mal quand t’as 84% de condos… C’est un débalancement par rapport aux logements locatifs autour. Dans Hochelaga-Maisonneuve, il semble y avoir en ce moment 15-20% de condos (selon le rapport de l’arrondissement). « Nous croyons, au contraire, qu’il préfigure d’un phénomène qui ira en s’intensifiant. » dit l’étude. C’est sûr qu’en construisant des projets comme ça on aide pas à régler le problème. À quoi pensait l’arrondissement?
Les élus se gargarisent d’avoir bien fait leur job, en ayant convaincu après 2 ans de négociations les promoteurs de faire quelques logements sociaux. Ils se targuent de dépasser le 15% de logements sociaux qu’ils se sont eux mêmes fixé comme objectif (ils en ont prévus 2 de plus…). On peut même se demander légitimement si ces logements seront réellement construits ou si c’est un coup « d’acceptabilité sociale » comme les logements sociaux des projets de la Place Valois, qui ne sont jamais advenus.
Honnêtement, c’est vraiment un coup de cochon, de faire semblant que 40 logements abordables vont faire quoi que ce soit comme différence dans ce contexte. Parce que les 208 condos en carton, eux, vont avoir un impact réel sur les commerces proches, les loyers du sud-ouest d’Hochelaga et le nettoyage social qui doit advenir pour que les professionnels de la creative class (qui travaillent dans la TV, les artistes mainstream, la communication et autres emplois liés) puissent vivre selon leurs standards dans ce quartier. Vive HOMA, pôle créatif…
On sait déjà les conséquences pour les junkies et les travailleuses du sexe. On les repoussera vers Moreau, là où personne ne voit ce qui se passe, question de les mettre encore plus en danger. Ou encore plus dans l’est, question de s’approprier le centre-ville et les quartiers avoisinants. On nous parlera de « sentiment de sécurité », excuse en or pour cacher la misère sociale de ceux et celles qui se choquent de la voir. Pour que ce beau monde-là se sentent à l’aise d’habiter sur Sainte-Cathetherine, il va ben falloir que d’autres partent… On voit déjà les loyers autour monter, les expulsions, les nouveaux commerces inabordables, c’est pas comme si c’est la première fois qu’on nous fait le coup.
C’est la seule place dans Hochelaga où l’atmosphère bien-pensante de consommation « écoresponsable » n’a pas encore tout ravagé! Laissez nous tranquille! On considère les pauvres comme une classe uniforme, mais ce qu’ils ne se rendent pas compte c’est qu’il y en déjà une mixité : des assisté.e.s sociaux, des travailleurs.euses de la construction, des commercant.e.s sympas, des chômeurs.euses, des étudiant.e.s, des travailleuses du sexe, des gens du communautaires, des jeunes, des moins jeunes, des familles, des toxicos, des anarchistes, des chilleux.euses, des ravers.euses, des punks.
On veut transformer tout ce monde en consommateurs, en bons citoyens et ils appellent ça mixité. Ceux qui vont s’y opposer ou être irrécupérables, on va les expulser. Il y a des centaines de choses de mieux à faire avec ce terrain, qui n’entraineraient pas des conséquences néfastes pour les autres résidents du coin.
Alors, vous savez quoi? On va s’y opposer, vous nous trouverez dans votre chemin. Si vous pensiez que votre petit gathering des « Assises sur la gentrification » allait faire oublier aux gens que vous faites des projets de condos partout en même temps, c’est perdu.
Dans quelques jours, un pot-pourri de discours de promoteurs de condos en carton sera publié sur Chlag.info, pour comprendre quel genre d’imaginaire habite les promoteurs (et peut-être par extension les acheteurs).