Le “vivre ensemble” de la gentrification

La réalisation de cette étude est une action concrète entreprise par ce regroupement et fait écho à la prise de position dans la déclaration de quartier qui venait réaffirmer notre engagement à faire d’Hochelaga-Maisonneuve un milieu de vie où vivre ensemble veut dire quelque chose.

– Carole Poirier, députée d’Hochelaga-Maisonneuve.


o-hochelaga-facebookIl convient d’établir ce qu’on entend par vivre ensemble: il ne s’agit pas de se côtoyer sur les trottoirs, sur les places publiques et dans les parcs pour affirmer vivre ensemble. Il ne suffit pas non plus, pour les commerces, de considérer que donner ses produits dévalués à des organismes communautaires revient à «faire sa juste part» pour nourrir un quartier. Faire partie de sa communauté, ce n’est pas se débarrasser de ses restes et avoir ainsi la conscience tranquille, et donc continuer à vendre indécemment des produits fins dans un quartier où l’offre alimentaire est particulièrement restreinte. Ce n’est pas parce qu’un commerce est «local» qu’il est foncièrement bénéfique pour les personnes vivant aux alentours. Ce n’est pas non plus parce qu’un employeur embauche au salaire minimum de jeunes étudiant.es
résidant dans le quartier que cet employeur améliore réellement la qualité de vie des habitant.es. Hochelaga est un quartier historiquement populaire, ce dont témoigne le prix encore relativement modéré des logements. Or, il se crée un engouement pour Hochelaga, autant de la part des jeunes étudiant.es qui y voient une opportunité de se loger à plus bas coût qu’ailleurs, que de la part des entrepreneurs qui souhaitent s’y installer pour faire fortune. Ceci a pour effet une augmentation générale des prix, autant au niveau des logements qu’à celui des produits de subsistance.

Il faut aussi reconsidérer ce qu’on veut dire par «milieu de vie». Dans une société capitaliste, un milieu de vie revient à un milieu de consommation. On nous le répète à tout vent, il faut acheter pour exister, pour sentir qu’on appartient au monde. Achetez local, encouragez vos commerces de proximité, ce discours est tellement sur toutes les tribunes qu’il n’est jamais remis en question. Or, il occulte une partie du problème: en-dessous d’un certain revenu, on ne bénéficie plus du privilège de choisir où et qu’est-ce qu’on achète, ce qui exclut une bonne partie de la population, l’obligeant à se déplacer encore plus pour se loger, se vêtir, se nourrir. C’est donc cette vision de milieu de vie que nous rejetons et dénonçons.