Des assises sur la gentrification, pour qui ça?

Hochelaga se transforme et Réal Ménard, maire d’Hochelaga, comme Carole Poirier, députée provinciale, ne peuvent plus fermer les yeux face à une contestation grandissante de la gentrification du quartier. Occupations de terrains vacants, manifestations et actions d’éclat contre des commerces de luxe ont ainsi poussé les notables à faire leur le concept de gentrification, publiant cet été, en collaboration avec l’INRS une étude sur « le dénombrement, la localisation et l’évolution de la copropriété dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve » et annonçant la tenue d’assises sur la gentrification en mai 2017.

Ces assises ont pour objectif de réunir plusieurs «partenaires», afin d’élaborer les contours de la gentrification et un plan d’action concerté sur la question. Une brochette de notre petite élite locale y est conviée : la Société de développement commercial H-M,  des conseillers municipaux et le maire, des institutions de santé et des groupes communautaires. Le comité Bails, invité comme «partenaire» par Réal Ménard, a décidé de ne pas servir de caution à cette mascarade, soulignant « ne plus avoir envie de perdre son temps à débattre autour d’une table des effets potentiellement positifs de l’embourgeoisement ». C’est bien de cela dont il s’agit, une opération de charme ayant pour objectif de faire taire, par un consensus des notables, l’insatisfaction qui gronde dans le quartier.

Les prémisses d’une nouvelle recherche commandée à l’INRS pour encadrer ces assises sont emblématiques du biais pro-gentrification de l’administration d’Hochelaga-Maisonneuve. L’entente de recherche entre l’arrondissement et l’INRS vise ainsi à « établir l’impact de l’embourgeoisement sur les commerces ». Cette question évite d’aborder un des enjeux cruciaux touchant le quartier, soit le rôle des nouveaux commerces dans le processus de gentrification.

Cet exemple, parmi d’autres, démontre l’influence indue de la Société de développement commercial sur l’arrondissement, qui, s’il accepte après moult pressions de parler de gentrification, c’est afin d’en évacuer toute forme de conflictualité. Ainsi, la participation de la SDC comme partenaire privilégié de l’administration à la fois dans la «revitalisation» du quartier et dans les « assises sur la gentrification », nous démontre bien que, plus qu’identifier à qui profite la gentrification, l’administration désire mettre le couvercle sur la marmite d’une ébullition sociale grandissante dans le quartier.

Nous ne nous laisserons pas avaler par ces assises des notables qui risquent bien de s’effectuer derrière des portes closes. Au cours des prochains mois, nous nous organiserons sur nos propres bases, sans l’intermédiaire de ces représentants qui disent parler en notre nom mais qui sont les porte-voix des jeunes entrepreneurs de la SDC. Dénonçons les assises sur la gentrification et faisons en sorte qu’Hochelaga ne soit pas qu’une occasion d’affaires pour promoteurs et entrepreneurs.